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Chroniques
Antonio Vivaldi
Arsilda, regina di Ponto | Arsilde, reine du Pont
Une nouvelle fois, les excellents commentaires de Frédéric Delaméa éclaircissent judicieusement l'écoute de cette Arsilda, opéra que Vivaldi écrivit en 1716 avec le librettiste Benedetto Domenico Lalli pour Venise, qui devait lui imposer une censure décevante. Plusieurs fois remanié, c'est toutefois et fort heureusement l'ouvrage dans sa version originale que Federico Mari Sardelli restitue aujourd'hui, grâce à cette captation du Festival Braga Opera de juillet 2001.
Et quelle restitution ! Car enfin, Sardelli et Modo Antiquo offrent un travail exemplaire, contrasté, nuancé, précis, et toujours en adéquation avec la dramaturgie de l'œuvre. Dès la Sinfonia, on est frappé par la vivacité et l'énergie de cette lecture, la grande tendresse et le large geste plein de dignité du second mouvement, et l'élégance avec laquelle la ritournelle du troisième est à peine désignée. Les interventions des bois et des cors – dans la scène de chasse, par exemple – prennent un relief savoureux grâce à de talentueux instrumentistes.
La distribution vocale est moins heureuse. Sans unité et imprécis, le Coro da Camera Italiano n'est guère satisfaisant. C'est moindre mal lorsqu'on entendra l'indigence du rôle-titre. Simonetta Cavalli enfle bizarrement une voix qu'elle ne parvient de toute façon pas à grossir, n'émettant presque jamais le son de la même manière, et laissant descendre toutes les tenues. Sans aura, avec un grave vide, une diction occasionnelle et une absence étonnante d'expressivité, elle dessert grandement cette résurrection.
Heureusement, il y a la Lisea de Lucia Sciannimanico au timbre chaleureux et attachant, qui propose un chant nuancé. Alessandra Rossi est un Nicandro présent, léger, agile et souple, avec un aigu parfois un peu cru. Nicky Kennedy présente un Barzane efficace, mais qui manque de corps. On préfèrera le généreusement sonore Cisardo de Sergio Foresti au chant toujours somptueusement mené, doté d'un aigu cuivré et d'un grave riche. Joseh Cornwell est un ténor clair plutôt idéal pour le rôle de Tamese qu'il assume honorablement. Enfin, Elena Cecchi Fedi offre couleur et présence à Miranda, tout en ménageant un chant magnifiquement orné qui génère une interprétation raffinée. D'ailleurs, dans le gentil Happy end, qu'advient-il de son amour ?...
BB